Lorsque le 25 juin 2013,
les autorités communales de la Ville de Tournai annoncèrent que,
dans le cadre d'un projet du Canal Seine-Nord Europe, la Région
wallonne souhaitait faire sauter le "goulot d'étranglement"
que constituait le Pont des Trous, nous avions la certitude que rien
ne pourrait arrêter cela. L’objectif déclaré était de permettre
le passage de bateaux de classe Va (3.500 tonnes limité à 2.000
tonnes vu la configuration des écluses et du fleuve) alors que les
travaux ont été profilés pour la classe Vb (4.500 tonnes avec deux
barges poussées).
Lors de cette annonce,
quatre projets d’aménagement des arches seront ainsi présentés.
Le premier consistait en un élargissement de l’arche centrale (en
pierre). Le second proposait un pont des trous imagé prenant
l’aspect d’une structure métallique en résille. Quant aux deux
autres, ces derniers envisageaient des reprises en sous-œuvre se
traduisant par une suppression des piliers. Le petit contournement,
quant à lui, ne figurait pas parmi les options mises sur la table.
Illustration provenant du bureau Greisch (2013)
Devant l’émotion
suscitée, le 26 juin 2013, Philippe Pierquin et moi-même avons
décidé de créer la page Facebook "Préservons
l’identité du Pont des Trous, monument emblématique de la ville
de Tournai".
Par son entremise, nous souhaitions fédérer un maximum de
personnes. Il ne faisait alors aucun doute que ce dossier allait
s’inscrire dans le temps. Avec le projet du Canal Seine-Nord côté
français, le Gouvernement wallon venait de faire de la mise à
gabarit de l’Escaut un impératif nécessaire pour son
redéploiement économique.
Dès l’entame, à côté de l'option "petit contournement", nous avons fait
le choix de l’ouverture en tentant de trouver un compromis
acceptable tant pour le patrimoine que pour l’économie à
condition toutefois que le projet retenu respecte ce qui
définissait une porte d’eau médiévale : 3 arches en arc
brisé, aspect fortifié et présence d’une courtine.
Malheureusement, le collège
communal du 20 septembre 2013 valida le projet "résille"
qui sera présenté officiellement le 5
novembre 2013. Dans les mois qui suivirent, toute une série
d’initiatives furent prises afin de sensibiliser l’opinion
publique : interventions dans la presse, lancement d’une première
pétition, rencontre avec les « facteurs d’amour » (14
février 2014), etc.
Par l’entremise de
notre première pétition, nous soutenions ce qui suit :
Sauvons le Pont des
Trous, Monument médiéval emblématique de la Ville de Tournai
(Belgique)! (7 décembre 2013)
Le
Pont des Trous, vestige médiéval classé, est en sursis! En effet,
en novembre 2013, la Ville de Tournai a annoncé que ce monument
emblématique allait évoluer vers une "architecture
contemporaine" avec des arches en résille et en inox. Or, pour
nous, il nous semble inacceptable que nous soyons les témoins
passifs de la destruction programmée d'un monument classé et unique
en Europe
Par
l'entremise de cette pétition, en toute conscience des enjeux
économiques sous-jacents, nous rejetons le choix retenu car il ne
s'inscrit pas dans l'intérêt de notre patrimoine. Nous ne pouvons
accepter qu'un édifice chargé d'histoire voit ses arches en pierre
remplacées par de la résille et de l'inox.
A
cet égard, nous n’avons jamais contesté le fait historique que la
partie centrale du Pont des Trous avait été détruite et
reconstruite en l’adaptant aux besoins de navigation de l'époque.
Toutefois, comme beaucoup de monuments historiques, le Pont des Trous
a évolué au fil des siècles sans pour autant perdre les éléments
qui le définissent en tant que porte fortifiée.
Pour
nous, le projet soutenu par la Ville de Tournai va trop loin! La Cité
des cinq clochers mérite mieux que cette fantaisie architecturale!
Il n'est nullement question pour nous de remettre en cause le
bien-fondé de la mise à gabarit de l'Escaut (Canal Seine-Nord).
Nous refusons par contre la conséquence que cette mise à gabarit
emporte sur notre Monument.
La question de la mise à
gabarit de l’Escaut est ancienne. Ainsi, lors de sa reconstruction
dans l’immédiat après-guerre, le pont des Trous fut rehaussé
de 2m40. Les arches qui, quant à elles, avaient disparu
partiellement suite à leur dynamitage en 1940, furent reconstruites
en béton avec un parement de pierres, mais aussi élargies pour être
adaptées à la navigation de l’époque. L’attachement des
tournaisiens à un édifice si particulier eut raison de la volonté
de certains de vouloir détruire l’édifice. Ainsi, les
parties manquantes furent restituées dans le respect de ce qui
définissait une porte d'eau médiévale. L’emploi à l’époque
de la méthode du béton précontraint fut salué comme une prouesse
technique de premier ordre.
Photo de mai 1940 suite au dynamitage de l'édifice par les anglais
Le
Pont des Trous vu de l’aval à la veille de son relèvement,
1946-1947.
Des gabarits en bois préfigurent la hauteur que doit
atteindre l’ouvrage d’art après l’opération.
Liège, Centre d’Archives et de
Documentation de la CRMSF, fonds de la CRMSF, dossier Tournai 2.81
Dans les années 70, différents projets
d’élargissement de l’Escaut seront également
mis sur la table. Certains consistaient soit en un élargissement
de l’Escaut au centre-ville, soit par la rive gauche (140 maisons
détruites dont beaucoup datent du XVIIe siècle), soit par
la rive droite (120 maisons d’à peine 20 ans
détruites) avec pour conséquence que ces deux projets
conduisaient notamment à la destruction du Pont des Trous. Une
des autres propositions prévoyait même le contournement de
Tournai par la création d’un nouveau lit de l’Escaut
(avec pour conséquence près de 550 maisons
détruites).
Néanmoins, face à la désapprobation de la
population locale et grâce au soutien apporté par les
bourgmestres de l’époque, ces propositions furent vite
abandonnées. Finalement, la navigation fut mise en sens
alterné. Le problème était alors provisoirement
résolu permettant le passage de péniches chargées
à maximum 2.000 tonnes.
Proposition de l'architecte Eric Marchal - Petit contournement
La mise à gabarit de
l’Escaut fut donc relancée avec le projet du Canal Seine-Nord Europe,
mais les conséquences pour le pont des Trous nécessitaient une
réaction forte de la part des citoyens au regard d’un projet
inacceptable à leurs yeux.
2014 est marquée par une valse d’hésitations
étant donné les tergiversations côté
français sur la pertinence de réaliser ou non le Canal
Seine-Nord Europe. Notre initiative citoyenne conduisit cependant
certains élus locaux à prendre conscience qu'il existait
une forte désapprobation du projet "résille" au sein de
la population. C’est dans ce contexte que la majorité au
pouvoir à la Ville accepta l'idée de permettre à
la population de s'exprimer par l'entremise d'une consultation
populaire.
Cette
consultation populaire fut décidée lors du Conseil
communal du 27
avril 2015 à la suite d’une demande faite par
l’opposition
(Ecolo et CDH) ralliée à cette occasion par une partie de
la
majorité (MR). De façon surprenante (et toutefois
totalement illégale)
les citoyens furent amenés à choisir entre "pierre" ou
"résille", sans possibilité d’exprimer un double
"non" et inversement. Face à l'incertude du comptage d'un
éventuel "double
non", nous appellerons les tournaisiens à voter massivement pour
la version de 1947.
Nous étions le 25 octobre
2015 et à la question posée : "Etes-vous favorable à
la solution, utilisée en 1947, qui consiste à placer un parement de
pierre sur la superstructure en béton armé ?", une majorité
de votants
s’exprimèrent favorables à la solution de
l'après-guerre. Au soir de la consultation populaire, le message adressé
aux politiques était
clair : la pierre et une certaine authenticité devront
être
préservées !
Dans
le même temps, l’enquête publique relative à
la demande de permis d’urbanisme débuta le 23 octobre
2015. Cette dernière comportait un phasage des travaux en 4
étapes. Lors de la consultation du dossier, nous prendrons
connaissance que l’élargissement envisagé de
l’Escaut passait de 23 m à 27 m au niveau du
Pont-à-Pont.
En
novembre 2015, une pétition (259 signatures) et une
opération « carte postale » seront organisées
par l'ASBL "Les Amis de la Citadelle de Tournai" pour défendre
les arches (en pierres) du Pont des Trous. Le tout sera mené
à l’issue de la présentation du projet «
résille » et de nombreuses cartes postales seront
envoyées conjointement à l'Administration et à la
commune de Tournai.
Le
25 janvier 2016, le Ministre Maxime Prévot retira la phase IV du
projet et invita le Collège communal à mettre en place un
comité de pilotage participatif afin de soumettre un nouveau
projet pour le Pont des Trous au plus tard pour le 30 juin de cette
même année.
Suite
aux réclamations formulées dans le cadre de
l’enquête publique,
une réunion de concertation est organisée entre les
représentants
du SPW, de la ville et des réclamants. Cette réunion a
lieu le 3
décembre 2015 et donna naissance au collectif citoyen
"L’Escaut,
c’est Vous". Ce collectif était composé de citoyens, anciens
armateurs, urbanistes et d’associations concernées par
l’élargissement comme l’ARAHO (Association royale
des
Architectes du Hainaut occidental), ECOVIE, le groupe ROOSEVELT et
les Amis de la Citadelle de Tournai. L’ASBL Pasquier-Grenier
rejoignit le collectif un peu plus tard.
Le collectif citoyen
proposa une alternative au projet de canalisation de l’Escaut. Ses
actions se concrétisèrent par la participation à un Conseil
communal extraordinaire le 7 mars 2016 et par la réalisation d’une
émission communautaire - La
folie des grandeurs
- en collaboration avec la télévision locale NoTélé. Diffusée le
17 avril 2016, elle présenta à phase du projet une autre solution.
Pour le Pont des Trous, le statuquo était recommandé vu la
situation générale et la nécessité du tirant d’air à 7m était
mise en question vu la configuration des ponts à Tournai et les
objectifs du projet Seine-Nord (5,25m de hauteur libre)
Par
la suite, dans le cadre du comité de pilotage participatif, des
réunions et ateliers citoyens ("Au tour du Pont")
seront organisées. Le 17 mai 2016, une première esquisse est
proposée pour le futur Pont des Trous par
Olivier Bastin (bureau Greisch). Les critiques fusent. Le rejet fut
total. Il n’y a plus d’arches seulement un « bandeau » de
pierres reliant les deux tours (Courrier de l’Escaut du 20 mai
2016).
Projet de l'architecte Olivier Bastin - Bureau Greisch
Le 31 mai 2016, l’architecte
présenta trois "solutions". Les différents
protagonistes sont amenés à s’exprimer
autour des projets. Dans les
discussions un attroupement se fait
autour du projet présentant trois arches en pierre,
inspiré des travaux de reconstruction de 1947. Cela
suffit pour que les "facilitateurs"
qui encadrent les débats déclarent qu’un
consensus a été trouvé...
Le 7 juin 2016, lors
d’un dernier comité, le projet définitif est présenté avec une
arche centrale de 17m !
Le cahier des charges est assez précis : 12,5m avec
lisses de guidage ou 17m sans. Vu les pontons à
fleur d’eau, des lisses sont indispensables. Alors pourquoi 17 m ?
Cette question demeurera sans réponse. Une certitude: ces travaux
allaient être réalisés pour la classe Vb et pas pour les bateaux de
classe Va !
Il ne faisait aucun doute que les dés étaient
toutefois pipés puisqu'une note de cadrage s’imposait à tous les
participants sans qu’il ne soit possible d’y déroger. Pire !
Par un tour de passe-passe, le choix exprimé lors de la consultation
populaire devint subitement un projet "arches en pierre et rythme
ternaire". Les ASBL défendant le patrimoine tournaisien furent
invitées au sein de l’atelier "citoyen" mais noyées dans le
flot de trop nombreux participants, leur voix sera totalement
inaudible. De surcroît, organisés en semaine à 16 heures, les
ateliers ne permirent pas une réelle représentativité.
Le
27 juin 2016, le conseil communal décide à l’unanimité de
transmettre l’esquisse au ministre mais ne se prononce pas sur
celle-ci. La proposition est celle d’un projet de trois arches
gigantesques encadrées par les deux tours restantes réalisées sur
base d’un croquis de l’architecte Olivier Bastin.
Le 21 novembre 2016, le
permis pour la canalisation de l’Escaut (Pont à Pont, quai
Taille-Pierre,...) est accordé.
Le 1er décembre 2016,
le projet de l’architecte Oliver Bastin est officiellement
présenté. De notre point de vue, le manque d’harmonie entre les
arches encadrées par les deux tours massives dénaturait totalement
le site. A ce moment-là, il ne faisait aucun doute que notre
mobilisation allait en prendre un coup : trois années de combat et des politiques tournaisiens incapables de
comprendre ni l’enjeu patrimonial, ni l’importance de trouver un
compromis acceptable pour tout un chacun.
Projet de l'architecte Olivier Bastin - Bureau Greisch
Pour
de nombreux
tournaisiens, la différence entre l’image de la
consultation
populaire et la proposition finale s’apparentait à une
trahison et
surtout à un véritable déni de démocratie !
Malgré sa reconstruction de 1947, les citoyens voyaient en ce
symbole
l'expression d'une identité locale. Dans ce dossier,
Tournai se trompait et les conséquences pour le patrimoine
risquaient
d'être dramatiques. Le bon sens et la clairvoyance avaient
manifestement manqué et personne n’avait le courage de
porter un
projet qui puisse à la fois répondre au
redéploiement économique et satisfaire les attentes
légitimes des tournaisiens à
l’égard de ce patrimoine emblématique.
C’est dans ce
contexte qu’il fut décidé de lancer une seconde
pétition au terme de laquelle nous plaidions pour ce qui suit:
Pont des Trous (Tournai)
- Voici les options que nous portons! (3 décembre 2016)
Alors même que près de
9.000 Tournaisiens se sont exprimés ‐
au travers de la consultation populaire ‐
en faveur de l'édifice,
alors même
qu'ils ont manifesté
leur attachement à une identité, une histoire, un matériau,
constatons le passage en force des élus en ce qui concerne le futur
du monument puisqu’il n’est plus question d’avenir! Aucun élu
n'a donc entendu l'importance que revêtait l'édifice en termes
d'identité locale. Aucun élu n'a dès lors cru bon d'entendre que,
malgré les vicissitudes et les transformations rencontrées par
l'édifice, les citoyens voyaient en ce symbole l'expression d'un
patrimoine culturel immatériel.
Après
réflexion, nous proposons les alternatives suivantes car le projet
de l'architecte Olivier BASTIN ne répond nullement à nos attentes
démocratiquement exprimées:
‐
L’option
en pierre avec une adaptation des arches (la version la plus
respectueuse de l'identité):
‐
L'option sans arches (mais cela va requérir du courage politique car
les subsides seront en jeu, mais en même temps cela permettrait de
juger la viabilité économique de la mise à gabarit de l'Escaut ‐
Option temporaire dans l'attente d'une solution définitive
cela va de soi);
‐
L'option "Pour un nouveau projet pour une porte d'eau" (que
nous pourrions exclusivement confier à
des scientifiques (historiens de l'art, spécialistes
du bâti)
en organisant p.ex. un colloque sur le sujet);
‐
L'option "petit contournement" (plébiscité
par des centaines de tournaisiens et qui aurait le mérite de
préserver l'édifice et de permettre une mise à gabarit de l'Escaut
requise pour le redéploiement économique de la Région).
En
effet, selon nous, le projet retenu viole le prescrit de l'Article 11
de la Charte de Venise en ce qu'il stipule : "Les apports
valables de toutes les époques à l'édification d'un monument
doivent être respectés, l'unité de style n'étant pas un but à
atteindre au cours d'une restauration. Lorsqu'un édifice comporte
plusieurs états superposés, le dégagement d'un état sous‐jacent
ne se justifie qu'exceptionnellement et à
condition que les éléments
enlevés
ne présentent
que peu d'intérêt,
que la composition mise au jour constitue un témoignage
de haute valeur historique, archéologique ou esthétique, et que son
état de conservation soit jugé suffisant. Le jugement sur la valeur
des éléments en question et la décision sur les éliminations à
opérer ne peuvent dépendre du seul auteur du projet". La
reconstruction/restauration réalisée après‐guerre
atteste du bien‐fondé
de notre action en ce que le projet actuel dénature
fondamentalement l'édifice
en portant atteinte aux aspects qui le définissaient.
Plus
largement, participant clairement à l'identité locale, le projet
actuel viole aussi le prescrit de l'Article 1er de la Convention pour
la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par
l'UNESCO en 2003 qui définit le patrimoine culturel immatériel
comme étant "les pratiques, représentations, expressions,
connaissances et savoir‐faire
–
ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui
leur sont associés
–
que les communautés,
les groupes et, le cas échéant,
les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine
culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération
en génération, est recréé en permanence par les communautés et
groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la
nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité
et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la
diversité culturelle et la créativité humaine".
Bien
que les contraintes calendaires existent, notre démarche n'a qu'un
seul but: préserver un élément significatif du patrimoine culturel
tournaisien. La présente initiative est citoyenne, démocratique et
apolitique.
Le 27 avril
2017, les travaux concernant les abords commencent
officiellement.
Le 11 septembre 2017, Monsieur Demotte déclare
sur Twitter qu’il est hors de question de toucher au Pont des Trous
si le projet Seine-Nord (en France) ne se réalise pas ! (Courrier de
l’Escaut du 12 septembre 2017).
Pendant plusieurs mois,
le projet ne donna pratiquement plus signe de vie. Il fallut attendre
le mois de mai 2018 pour voir l’étude d’incidence réalisée.
Plus de 300 réclamations seront enregistrées à la clôture de
l’étude le 17 mai 2018. La Commission consultative communale
d'aménagement du territoire et de mobilité, de son côté, refusa
le passage en force de l’Administration wallonne (Courrier de
l’Escaut du 20 avril 2018). La réunion de clôture de l'enquête
publique eut lieu le 29 mai 2018, sans résultat.
A cette occasion, nous
n’avons d’ailleurs pas manqué de rappeler l’hypocrisie de ce
dossier. En effet, comment l’Administration communale pouvait-elle
justifier le décalage entre le choix exprimé lors de la
consultation populaire ("solution, utilisée en 1947, qui
consiste à placer un parement de pierre sur la superstructure en
béton armé?") et le cadre dans lequel se sont inscrits les
ateliers et réunions citoyens (que "le choix des tournaisiens
s’est porté sur la pierre et un rythme ternaire des arches") ?
La mauvaise foi dans ce dossier était une nouvelle fois plus
qu’évidente. A contrario des attentes légitimes, c’est à
nouveau une création architecturale qui était bel et bien
envisagée. L’Administration wallonne confirma ses positions en
présence d’un pouvoir communal totalement insensible à la
problématique.
Lorsque l'enquête publique s'acheva et alors
même que le 21 novembre 2013, le Ministre Carlo Di Antonio (CDH)
déclarait publiquement qu’ "On ne touchera pas au Pont
des Trous sans garanties", le même Ministre revint sur sa
déclaration et précisa, le 5 juillet 2018, que les travaux auraient
bien lieu même si la France décidait de ne pas financer
l'élargissement du Canal Seine-Nord.
Or, il ne faisait aucun
doute que cette "approche contemporaine" - surnommé "Pont
MacDonald" - allait défigurer d’une manière irréversible
un édifice remarquable en lui causant un préjudice irréparable
étant donné la disparition des éléments constitutifs d'une porte
d'eau médiévale. En parallèle, la Commission royale des Monuments
et Sites avait déclaré de son côté qu’une procédure de
déclassement total devait être initiée si un tel projet devenait
réalité.
Le Pont des Trous caricaturé et surnommé "MacDonald"
Anonymes
C’est dans ce contexte
tendu, que le 9 juillet 2018, nous avons déposé une Alerte
Patrimoine auprès de l’Icomos International étant donné le
risque d’un déclassement UNESCO du beffroi de Tournai. En effet,
la création architecturale envisagée se situait dans le périmètre
de protection UNESCO du beffroi et alors que la réglementation
l’exige, aucune déclaration préalable ne fut introduite auprès
de l’instance onusienne. Outre Philippe Pierquin et Pierre-Emmanuel
Lenfant, contribuèrent à sa rédaction Ludovic Nys, docteur en histoire de l'art
et Professeur à l'Université polytechnique des Hauts-de-France de
Valenciennes et Jeoffrey Vandennieuwembrouck, historien de
l'architecture.
Beffroi de Tournai : Zone Tampon - UNESCO
Face
à ce risque, nous finirons par fédérer les
principales associations de défense du
patrimoine tournaisien : les Amis de la Citadelle, Pasquier Grenier,
la Société royale d’Histoire et
d’Archéologie de Tournai.
Sollicités également les partis politiques tournaisiens
se
positionnèrent successivement. Le mouvement "Ensemble!" fut le
premier à
s’exprimer sur le sujet suivi par le MR et Défi.
Pour "Ensemble !", si le projet du canal Seine-Nord Europe ne devait
être réalisée, nous ne devrions pas toucher au Pont
des Trous et, dans l'affirmative, il conviendra de respecter le choix
des citoyens lors de la
consultation de 2015. Quant au MR, ce
dernier regrette le projet Bastin dont les premières esquisses,
sans échelle, étaient trompeuses et souscrit à la
demande de l’ICOMOS. Le parti Ecolo, après avoir
tergiversé au
moment d’apporter son soutien à l’alerte patrimoine,
approuve le
moratoire. Le PS soutien le moratoire mais renvoie à Namur et au
gouvernement MR-CDH.
Sur base de notre
rapport, toute une série de recommandations
furent émises par ICOMOS International et adressées le 9 août 2018
aux différents acteurs impliqués dans ce dossier. Aucune d’entre
elles – notamment celles relatives à un moratoire jusque fin 2019
afin de permettre de remettre le projet à plat et d’en évaluer
les conséquences sur la ville et son patrimoine ainsi qu’à une
meilleure prise en compte des attentes de la population – ne furent
suivies, ni mises en œuvre.
Le projet retenu pour le
Pont des Trous – celui de l’architecte Olivier BASTIN - allait à
l’encontre des principes fondateurs qui gouvernent le respect dû à
un élément patrimonial emblématique et dont l’intérêt sur le
plan esthétique et scientifique dépasse le cadre régional.
Le
16 janvier 2019, nous lancions une ultime pétition libellée
comme suit :
Sauver le Pont des Trous,
c'est sauver le Patrimoine mondial de Tournai!
La
Ville de Tournai, en Belgique, possède deux monuments exceptionnels
qui font sa fierté et attirent les touristes : son beffroi et sa
cathédrale, tous deux d’époque médiévale. Ils ont été classés
voici près de vingt ans au titre de "Patrimoine mondial de
l’UNESCO".
Mais
aujourd’hui, ce label, essentiel pour l'attractivité de cette
Ville, est gravement menacé! Des travaux d'aménagement des quais
sont actuellement menés par la Région wallonne afin de porter à
grand gabarit le cours du fleuve Escaut. Or, ces derniers situés
dans le périmètre de protection des deux édifices classés n’ont
pas été déclarés auprès de l’UNESCO, ce qui pourrait conduire
l'instance onusienne à sanctionner Tournai en la privant de ce
précieux sésame.
Nos
craintes se justifient par le fait que les recommandations formulées
par l'ICOMOS International n'ont pas été suivies et ont conduit
cette organisation à saisir officiellement l'UNESCO de cette
problématique.
Toutes
et tous, disons au Gouvernement wallon qu'il est impératif de
respecter les recommandations formulées par l'ICOMOS International.
Disons-lui également qu'il est impératif de geler immédiatement
les travaux envisagés sur les quais et sur le Pont des Trous et, vu
le risque de déclassement, recommandons-lui qu'il prenne
l'initiative de se mettre en rapport avec l’UNESCO afin de tout
mettre en œuvre pour éviter une sanction qui pourrait être fatale
à la Ville de Tournai!
A
tous nos représentants : il faut sauver Tournai, son beffroi et sa
cathédrale!
Cette pétition fut
lancée à l'initiative du réseau Archeologia.be et des associations
tournaisiennes "Les Amis de la Citadelle",
"Pasquier-Grenier" et "Les Amis de la Cathédrale de
Tournai". Le 24 janvier 2019 : la "Société royale
d'histoire et d'archéologie de Tournai" s’associa à ce front
commun associatif! Interpellé par la problématique, Stéphane
Bern
la signera personnellement.
Malgré les craintes
exprimées, rien n’y fera et le Conseil communal vota le 28 janvier
2019, majorité contre opposition, la modification de la voirie
communale et le plan d’alignement. Le projet de l’architecte
Olivier Bastin était donc validé malgré le risque ! A ce
moment-là, la question d’un recours en extrême urgence devant le
Conseil d’Etat fut discutée en interne. Lors de ce même Conseil communal, le
bourgmestre Paul-Olivier Delannois mit au défi les représentants
d’Ensemble (mouvement citoyen dans l’opposition) de faire bouger
les choses en s’adressant eux-mêmes à Namur.
Et, rebondissement, le
19
mars 2019, l’annonce fera l’effet d’une bombe. Suite à une
rencontre entre des représentants du mouvement citoyen Ensemble!
et le Ministre Carlo Di Antonio (cdH), la Presse est informée de
l’abandon du projet Bastin (Courrier de l’Escaut du 20 mars
2019). Des garanties seront alors données pour préserver une
version traditionnelle. Cet ultime rebondissement avait fait l’objet
d’une discussion en interne et fut validé par Pierre-Emmanuel
Lenfant au cours d’une discussion entre ce dernier et Benjamin
Brotcorne, Chef de file du mouvement Ensemble !
Nous étions convaincus que l’épilogue pour éviter le pire était
en train de s’écrire. Nous marquâmes donc notre accord sur les
grandes lignes d’un projet auquel nous ne serons finalement pas
associés. L’idée d’un recours devant le Conseil d’Etat était
définitivement abandonné.
Interrogé par Notélé, nous
indiquions une nouvelle fois que nous n’étions pas contre une
modification mais que nous craignions un déclassement du Beffroi à
l'Unesco.
Le 21
mars 2019, plusieurs membres de la majorité communale emmenés
par Monsieur Delannois, Bourgmestre, se sont rendus au siège de
l’UNESCO à Paris. Les déclarations de ce dernier attestèrent du
bien-fondé de nos craintes : un risque de déclassement pesait
bel et bien sur le patrimoine mondial de Tournai. Comme nous l’avions
indiqué, de nombreux éléments n’ont pas été portés à la
connaissance de l’organisation onusienne (dont une étude d’impact
sollicitée à de multiples reprises notamment par l’ICOMOS
International).
A la même période, Raymond Brulet,
Enseignant-chercheur en archéologie de premier plan, s’insurge
quant au projet d’aménagement actuel et son impact général sur
le centre-ville de Tournai en déclarant : "Le Pont des
Trous aurait pu être candidat à l’Unesco" (Le
Soir, 5 mars 2019)
Le 28 juin 2019, le
communiqué suivant fut adressé à l’attention du Ministre Carlo
Di Antonio :
Les
défenseurs de
l’image historique du Pont des Trous ont pris connaissance du
permis d’urbanisme délivré par le fonctionnaire
délégué de la
Région wallonne ce 27 juin 2019. Ce permis impose, après
la "déconstruction" de la partie centrale de l’ouvrage
d’art, une
reconstruction la plus proche possible de l’existant, avec une
arche centrale libérant un gabarit de passe navigable de 12,50
par 7
m.
Nous saluons le fait que le
permis corresponde bien à ce que le ministre avait annoncé en mars.
Nous saluons le fait que, ce
faisant, le résultat de la consultation populaire de 2015 est
toujours respecté.
Nous regrettons cependant
que l’arche centrale, même si elle est beaucoup mieux
proportionnée que celle des premières esquisses de 2013, reste en
disharmonie avec les arches latérales, à cause de la hauteur du
gabarit de la passe navigable ;
Une arche centrale de
dimension minimale de 12,50 m, que nous souhaitions, imposait bien
sûr au-dessus d’elle une courtine en forme de passerelle traitée
de façon contemporaine. Nous étions prêts à accepter cela pour
favoriser l’harmonie générale du nouveau Pont des Trous et
manifester la "blessure" subie par le monument, donnant ainsi du
sens à sa restitution (ne pas donner l’impression que rien ne
s’est passé).
Nous attendons donc ce que
dira à ce propos le Comité du patrimoine mondial dans les prochains
jours, lors de sa réunion annuelle à Bakou, en Azerbaïdjan.
La Région wallonne saura
alors si elle a bien ou mal fait dans cet épineux dossier.
Ce dernier fut cosigné par
Pierre-Emmanuel Lenfant, porte-parole (Réseau Archeologia.be),
Philippe Pierquin, asbl Les Amis de la citadelle de Tournai,
Catherine Guisset-Lemoine et Louis-Donat Casterman, asbl Pasquier
Grenier ainsi que Ludovic Nys, docteur en histoire de l’art
Le 4 juillet 20219, un
communiqué est mis en ligne car nous nous inquiétons de l’absence
de suivi notamment sur le plan archéologique et scientifique face à
une "déconstruction" imminente.
A la notion de
"déconstruction" privilégions celle de la "destruction".
Politiquement moins correct mais bien moins hypocrite.
D'ailleurs,
sur base du photomontage repris en annexe, il ne fait aucun doute que
la méthodologie envisagée n'est pas la bonne et je dirai même
qu'elle est plus que problématique!
Or,
dans ce dossier, puisque le cadre devrait être a minima
scientifique, il est important de rappeler ce qui suit:
1) Aucune synthèse des
études historiques menées sur l'édifice n'a été faite ;
2)
Aucun relevé détaillé de l’existant avec une cartographie
"pierre par pierre" et des différentes phases de
construction, évolution, reconstruction n'a été réalisé ;
3)
Aucun diagnostic, ni étude d'impact, ni étude de risques n'ont été
menés sur les tours, sur les berges (zones archéologiques) et sur
les parties de l'édifice non concernées par la "déconstruction"
;
Comme
vous le savez, ce travail préparatoire est crucial car il
conditionne la suite de ce dossier.
Il
est donc nécessaire que l'Autorité wallonne fasse des propositions
sur les méthodes (réemploi) et les matériaux qui seront utilisés
dans le cadre de la "restauration". Il est par ailleurs
nécessaire afin que, sur le plan scientifique, nous puissions juger
de la recevabilité du projet qu'un plan détaillé soit proposé;
nous ne pouvons pas limiter notre jugement sur base d'un simple
croquis. Toutes ces étapes ne pourront être menées à bien sans
qu'un calendrier des études et des travaux de démantèlement et de
reconstruction ne soit fixé dans les plus brefs délais. Or... Il
n'y en a pas et nous apprenons que le "démantèlement"
sera lancé le 2 août prochain... sans certitude que les arches
soient un jour reconstruites.
Vu
les moyens alloués pour certaines dépenses futiles, je ne pense pas
qu'il soit déplacé d'exiger de la rigueur et du sérieux dans ce
dossier. Bref. Une nouvelle fois. Scandaleux!
Le 10 juillet 2019, la
question du Pont des Trous, du musée des Beaux-Arts et du Smart
Centre furent évoqués lors de la 43ème session du comité du
patrimoine mondial de l'UNESCO qui s’est tenue à Bakou
en Azerbaïdjan. L’interpellation qui n’était pas inscrite à
l’ordre de jour ne permit pas d’avoir un positionnement clair de
la part de l’UNESCO. Au moment d’écrire ces lignes, la procédure
suit toujours son cours.
La "déconstruction"
devint réalité le 2 août 2019 et ne manqua pas d’en interpeller
plus d’un. La violence de la destruction suscita tollé et
indignation dans de nombreux médias européens.
En septembre
2019, la reconstruction du Pont des Trous était lancée.
La
version "arche centrale élargie et lisses de guidage" est
donc devenue l’architecture définitive de l’édifice.
Sur
le plan scientifique, difficile de se voiler la face, la reconstruction
menée dans le prolongement de la "déconstruction" est
problématique à plus d’un titre.
L’édifice n’est qu’une pâle reproduction
de ce qui a été avec une arche centrale clairement
disproportionnée et une courtine broyée par cette
dernière. Plus largement, cette nouvelle architecture interroge
au regard des principes mêmes qui auraient dû gouverner sa
restauration. D'aucuns soutiendront, avec un certain sarcasme, que les
générations futures se feront peut-être à la
vue de cette caricature étant donné une
société qui s'interroge de moins en moins. D'autres, au
contraire, auront d'office un avis plus tranché : cette
construction est grotesque et elle le restera. Selon eux, Tournai
disposera à présent d'une construction ridicule qui
défigure les deux tours. Comme nous l’avons dit et
relayé, outre le petit contournement, d’autres projets
auraient pu être davantage mis en avant tel celui de
l’architecte tournaisien Michel Wiseur ou encore celui
porté par les étudiants du « Raymond Lemaire
International Centre for Conservation » de la KU Leuven. Dans ces
exemples, l'arche centrale serait devenue le témoin de sa propre
disparition en mai 1940. Entre démonstration par l'absurde de ce
qu'il ne faut pas faire en architecture et confirmation d'un
assujettissement politique d'un emblème citoyen...
Sur
le plan démocratique et sous l’angle du patrimoine
culturel immatériel, la critique doit être nuancée.
Cette reconstruction répond en partie au choix exprimé
lors de la consultation populaire. Le 25 octobre 2015, le message
adressé aux dirigeants wallons était clair : la pierre et
une certaine authenticité devront être
préservées. A cet égard, les centaines de
commentaires validant cette nouvelle architecture attestent du
bien-fondé et de la légitimité des actions qui
furent les nôtres au cours de ces années. D'ailleurs, la
valeur sociale du patrimoine ne se mesure-t-elle pas à la ferveur
que la population porte à son attention ? A titre personnel, je
comprends et partage l'émotion rencontrée sur les
réseaux sociaux, mais je m’interroge aussi sur cette
majorité silencieuse avec cette question : se
reconnaîtra-t-elle dans le nouvel édifice ?... car telle
fut en définitive la raison même de notre combat.
La saga du Pont des Trous a mis en évidence le gommage et la
malhonnêteté d'un pouvoir politique qui n'a pas
hésité à renier et décrédibiliser le
travail de ses prédécesseurs en surlignant l'erreur
qu'avait constitué, selon eux, le classement en 1991 du Pont des
Trous dans sa version de 1947. Or, ce classement a été
débattu par des professionnels du patrimoine et c'est bien cette
version récente du Pont des Trous qui était
protégée par la Loi en raison de sa valeur
esthétique et scientifique ! D'ailleurs, une ultime question devra
être tranchée : les arches ainsi modifiées
doivent-elles conserver leur classement ? Selon nous, la
réponse est négative et nous invitons la Ministre
compétente à entamer les démarches
nécessaires pour ce faire.
La majorité politique de la ville de Tournai n'est pas en reste
dans le maquillage actuel. Elle n'a pas hésité une seule
seconde à s'enorgueillir du résultat final alors qu'elle
n'y est absolument pour rien. Le Bourgmestre en titre n'a d'ailleurs
jamais caché le fait qu'il était absolument opposé
à l'idée d'organiser une consultation populaire estimant
dispendieux le coût de l’opération ou encore
justifiant son refus étant donné qu'une telle
consultation n'était absolument pas contraignante. Pire. Sans le
revirement de dernière minute qu'a connu ce dossier, cette
même majorité vanterait aujourd'hui les
mérites du projet de l'architecte Olivier Bastin... qu'elle
approuvait d'ailleurs à l'époque et sans aucune retenue.
La force
tranquille de l'hypocrisie...
Dans ce dossier, malgré la très forte mobilisation
citoyenne, le pouvoir politique n'a pas pris la mesure de
l’importance du symbole que représentait le Pont des
Trous. L’édifice relevait tout autant de la valeur
sentimentale ou affective qu’architecturale et historique. Il
était à la fois l'âme, le cœur et
l’emblème de la cité de cinq clochers. La violente
agonie de cette image d’Epinal constitue un
précédent regrettable car, de cette mise à
gabarit, Tournai n’y gagnera rien.
Certains chercheront sans nul doute à
décrédibiliser ce propos évoquant que nous
étions dans l'émotion ou des extrémistes
attachés à de (fausses) vieilles pierres. D'ailleurs, ce
discours est celui que l'on rencontre un peu partout dès lors
qu'il est question de défendre un élément de notre
patrimoine culturel : couvent des Récollets de Nivelles,
église des Récollets de Binche, kiosque de
Fosses-la-Ville, etc. Il vise tant à
décrédibiliser qu'à infantiliser. A
ceux-là, nous répondrons que ce dossier n'a pas
manqué de retenir l'attention d'une multitude de
spécialistes, de dizaines de milliers de personnes signataires
des différentes pétitions et surtout des recommandations
formulées par l'ICOMOS International sur base de notre rapport !
La légitimité ne se démontre pas. Elle se
constate. Et pendant ce temps, la procédure devant l'UNESCO suit
son cours...
Par comparaison aux autres dossiers dans lesquels je me suis investi
depuis, il ne fait aucun doute que cette problématique "Pont des
Trous" illustre les errances politiques dans la compréhension
d’un enjeu patrimonial. Avec une réelle prise en compte
des attentes citoyennes et des partis disposant d’une
lecture pragmatique de la force du patrimoine, le 15 avril prochain,
nous aurions pu célébrer le renouveau d’un
édifice en phase avec son temps. Or, ici, il n’y sera que
pour partie… Nous avons évité le pire et nous
n’aurons pas le meilleur.
Pierre-Emmanuel Lenfant
6 avril 2023
Photos : Pierre-Emmanuel LENFANT - Archeologia.be
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