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Pr. Henry
de Lumley : "Le projet de requalification du site des gravures
rupestres du mont Bego constitue une sérieuse menace pour le
refuge « des Savants » de la vallée des
Merveilles" (Archeologia.be, 10 septembre 2021)
Le site du mont Bego, situé dans les
Alpes-Maritimes, au sein du parc national du Mercantour,
s’étend sur
environ 1500 hectares, entre 1950 et 2900 mètres
d’altitude. À 80 km au
nord de Nice, essentiellement sur la commune de Tende, il renferme
l’un
des plus remarquables patrimoines culturels de l’arc alpin.
Plus
de 100.000 gravures protohistoriques ont été
recensées sur les parois
rocheuses de la région du mont Bego, en comptant les
gravures non
figuratives.
Après plus de 50 années de recherches, nous avons
démontré que ces images n’ont pas
été gravées au hasard mais
qu’elles
ont une signification et ont probablement été
inscrites sur des roches
choisies, peut-être au cours de rites propitiatoires, pour
communiquer
avec les divinités, grâce à un
répertoire très élaboré de
symboles
graphiques qui se combinent entre eux, en relation avec les
préoccupations économiques et les mythes
cosmogoniques des populations
de l’âge du Cuivre et de l’âge
du Bronze ancien des Alpes méridionales.
Posté
le 10 septembre 2021
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Le
projet de requalification du site des gravures rupestres du mont
Bego : une sérieuse menace pour le refuge
« des Savants » de la
vallée des Merveilles
Le site du mont Bego, situé dans les Alpes-Maritimes, au
sein du parc national du Mercantour, s’étend sur
environ 1500 hectares, entre 1950 et 2900 mètres
d’altitude. À 80 km au nord de Nice,
essentiellement sur la commune de Tende, il renferme l’un des
plus remarquables patrimoines culturels de l’arc alpin.
Plus de 100.000 gravures protohistoriques ont été
recensées sur les parois rocheuses de la région
du mont Bego, en comptant les gravures non figuratives.
Après plus de 50 années de recherches, nous avons
démontré que ces images n’ont pas
été gravées au hasard mais
qu’elles ont une signification et ont probablement
été inscrites sur des roches choisies,
peut-être au cours de rites propitiatoires, pour communiquer
avec les divinités, grâce à un
répertoire très élaboré de
symboles graphiques qui se combinent entre eux, en relation avec les
préoccupations économiques et les mythes
cosmogoniques des populations de l’âge du Cuivre et
de l’âge du Bronze ancien des Alpes
méridionales.
Construit en 1923 par Piero Barocelli, Superintendant des
Antiquités de Ligurie, du Piémont et de
Lombardie, le refuge dit « des
Savants » a été
implanté sur une terrasse dominant le lac Long
Supérieur sur sa rive gauche, dans un secteur où
aucune roche n’est gravée, afin
d’abriter les archéologues qui travaillent sur les
gravures rupestres du site.
Propriété de la mairie de Tende, c’est
le plus ancien refuge construit dans la région du mont Bego.
Ce refuge emblématique fait partie de l’Histoire
des Sciences. Depuis sa construction, il a accueilli de nombreuses
équipes de chercheurs et d’étudiants
qui ont relevé et étudié les roches
gravées de la région du mont Bego, ainsi que de
nombreux spécialistes de l’étude de
l’art rupestre protohistorique venus du monde entier.
Aujourd’hui, le refuge « des
Savants » est sérieusement
menacé par un projet de démolition
porté par le Service régional de
l’archéologie de Provence-Alpes-Côte
d’Azur.
S’il est adapté à nos besoins, ce
refuge doit être évidemment
rénové pour satisfaire aux normes actuelles
d’hygiène, de sécurité et
d’intégration paysagère. Il doit
être équipé d’une fosse
septique et de panneaux solaires assurant la production d’une
électricité propre. Par le passé, nous
avons établi et fourni au parc national du Mercantour un
projet de rénovation et d’optimisation.
Le choix de sa destruction serait une catastrophe pour la poursuite de
l’étude des gravures, une
proto-écriture idéographique qui nous transmet
les préoccupations économiques et les mythes
cosmogoniques des premiers peuples agro-pastoraux
métallurgistes des Alpes méridionales.
Professeur Henry de Lumley
Membres correspondant de l’Académie des Sciences
et de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres
Président de l’Institut de
Paléontologie Humaine
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