Le week-end dernier se tenaient les Journées du Patrimoine
dont le thème était, cette année,
« Patrimoine et Nature : parcs, jardins,
espaces verts et naturels ». La Ministre wallonne du
Patrimoine, Valérie De Bue, constatait dans la presse une
réduction du nombre de lieux présentés
à la visite.
Il est, en tout cas, un exemple bien connu de notre Ministre
régionale du Patrimoine, qui aurait parfaitement pu
être valorisé lors de ces journées.
Le site du Couvent des Récollets à Nivelles
constitue un des rares exemples de couvents d’architecture
franciscaine conservés dans leur
intégralité en Belgique. Il s’agit, de
surcroît, du plus ancien de Wallonie (remontant au
XVIème siècle, remanié partiellement
au XVIIIème siècle). Le couvent est
intégré dans un bel espace vert arboré
appelé l’Esplanade du Souvenir, laquelle est
composée d’alignements d’arbres (16
platanes, un chêne et 10 charmes -topiaires- majestueux) et
de plusieurs monuments.
Le site constitue le second pôle historique de la Ville de
Nivelles après la Collégiale mais aussi la porte
d’entrée la plus remarquable de la Ville.
Contrairement aux deux autres couvents franciscains de Wallonie, seule
l’église, a été
classée en 1936. Par contre, le cloître et les
ailes ne bénéficient d’aucune
protection. Il en est de même des arbres et topiaires de
l’esplanade qui ne sont curieusement pas inscrits,
aujourd’hui, sur la liste officielle et protectrice des
arbres et haies remarquables.
Faute de projet pour ce lieu remarquable, la majorité
communale de la Ville de Nivelles, dont fait partie Valérie
De Bue, a décidé de vendre les
bâtiments dont elle était propriétaire
en 2017. Alors qu’un projet de l’intercommunale du
Brabant Wallon proposait de rénover le bâti
ancien, l’offre d’un promoteur immobilier, plus
intéressante, a été choisie. Doit-on
préciser qu’aucune clause de protection
d’éléments patrimoniaux n’a
été ajoutée à
l’acte de vente ? Dans le même temps, le promoteur
a acheté l’esplanade arborée qui fait
partie de l’ensemble patrimonial.
En 2019, le promoteur présente un projet de destruction
d’une partie de l’aile sud du Couvent et
d’abattage des arbres de l’esplanade pour y
construire 59 appartements et un parking privé, souterrain,
de 100 places.
Seul parc public de Nivelles intra muros avant la vente, le
site est ainsi destiné à être
prochainement bétonné. D’une esplanade
alliant la couleur des pierres du XVIème siècle
au charme des arbres et des topiaires, le site évoluera
ainsi en une voirie sans caractère ni perspective et le
couvent et son cloître seront définitivement
défigurés.
A la suite de la présentation du projet en 2019, les
nivellois s’organisent et forts de près de 4900
signatures dont celles de plus de 3000 nivellois, demandent
l’inscription de l’entièreté
du site sur la liste de sauvegarde en vue d’un
éventuel classement. L’Agence Wallonne du
Patrimoine ainsi que la Commission Royale des Monuments, Sites et
Fouilles rendent un avis favorable. Pourtant, la Ministre De Bue ne
tient aucun compte de ces avis et refuse la protection. Pire, elle
indique, en février 2020, avoir demandé au
promoteur et à la Ville de Nivelles
d’accélérer la procédure
pour que le projet soit rapidement mené à son
terme.
Voilà donc un site patrimonial qui aurait parfaitement pu
être présenté lors des
Journées du Patrimoine de ce week-end. Le site
n’en vaut pas moins la visite, ne fût-ce que pour
en apprécier le charme mais aussi le triste état
et, au-delà des discours de nos gouvernants, prendre
connaissance de la réalité de la politique
menée en matière d’urbanisme et de
patrimoine.
Le patrimoine de notre pays est riche et constitue un bien commun dont
nous ne sommes, collectivement que les dépositaires
temporaires. Il est de la responsabilité de chacun
d’entre nous, et en particulier de ceux à qui les
citoyens ont donné le pouvoir de le défendre et
le promouvoir, d’en assurer le réel devenir. Et
cela demande bien plus que des mots.
Le groupe « Les Amis des Récollets de
Nivelles » (à suivre via Facebook)
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Une pétition en ligne « change.org »
a été lancée afin de protéger les arbres de
l'esplanade. De plus, plus de 1000 documents permettant aux personnes
ne disposant pas d’un accès informatique de
pétitionner ont été glissés dans les
boîtes aux lettres du quartier. Ensemble, ces deux
pétitions ont permis de récolter plus de 2300 signatures
en moins de deux semaines et les signatures continuent à
affluer.
En
l'état, les citoyens refusent clairement que ce site alliant
patrimoine et nature soit défiguré et
bétonné. Dès lors, ils souhaitent clairement
exprimer leur refus que les arbres remarquables du site des
Récollets soient abattus et comptent fermement le faire
comprendre au promoteur et aux autorités communales.
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