Site web : Le Champ de bataille de Waterloo : http://www.waterloo1815.be/
Ouvrage de référence : Jean-Claude Dammame
« La bataille de Waterloo » Collection Tempus 2003 |
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Monsieur
Bosquet, afin que tout un chacun puisse en savoir un peu plus
sur vous, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et
nous indiquer quelle a été votre rôle
dans cette découverte?
Je suis Attaché au SPW-DGO4, Service de
l’Archéologie en province de Brabant wallon depuis
avril 2009. Auparavant, j’ai travaillé sur les
fouilles réalisées sur le tracé du TGV
entre les frontières française et allemande entre
1993 et 2004. J’ai découvert le soldat le mardi 05
juin 2012 lors de l’ouverture d’une
tranchée de sondage archéologique
réalisée à la pelleteuse, selon la
méthode habituelle lorsqu’il s’agit
d’évaluer le potentiel archéologique de
zones importantes en contexte rural.
De
très nombreux médias se font écho de
la mise au jour de cette sépulture et de son
caractère extraordinaire, est-elle à ce point
exceptionnelle? Des découvertes similaires ont-elles
déjà été
effectuées par le passé?
Un seul cas de squelette complet de soldat tombé
à Waterloo est connu et il se trouve que des analyses ADN
ont montré qu’il s’agit d’un
faux composé des squelettes de deux personnes
différentes. La découverte est donc bien,
à ma connaissance en tous cas, une première. Et
c’est en ce sens surtout qu’il s’agit
d’une découverte exceptionnelle. D’un
point de vue purement scientifique en effet, il est clair que le
19ème siècle est une période sur
laquelle on est déjà très bien
renseignés, a fortiori lorsqu’il s’agit
d’une des batailles majeures de l’histoire
européenne et d’un homme aussi fascinant que
Napoléon Bonaparte qui est, je pense, le personnage
historique sur lequel on a écrit le plus
d’ouvrages.
Dans quel
contexte la fouille archéologique a-t-elle
été menée? D’autres vestiges
ont-ils été exhumés ? Au final, que
nous apprend cette découverte?
Les sondages ont été effectués sur une
zone de 3 hectares qui deviendra un parking au sein du projet de
réaménagement du site de la bataille dont
l’achèvement est prévu pour le
bicentenaire en 2015.
Au total, 120 tranchées de 10 m de long sur 2 m de large ont
été ouvertes, soit 10 % de la surface totale du
parking, et, excepté la découverte du squelette,
elles se sont toutes révélées
négatives. On peut donc estimer que, dans une certaine
mesure, la découverte du soldat est un coup de chance.
D’autres sondages ont été
effectués depuis sur la zone réservée
au futur mémorial, qui se sont avérés
négatifs, ce qui n’est pas étonnant
dans une zone située au cœur de l’action
et nettoyée rapidement après la bataille de toute
trace de celle-ci. Il est difficile de préciser exactement
ce que cette découverte nous apprendra avant la fin des
analyses et les restauration en cours sur l’ensemble du
matériel et sur les ossements, mais les questions
concernent, outre une identification de la personne qu’on
espère aussi précise que possible, des
enseignements sur le us et coutumes en vigueur dans les
armées de l’époque ; sur le quotidien
de ces soldats.
Venons-en
à la post-fouille. En termes d'étude et
d'analyse, que reste-t-il à entreprendre? La restauration
des effets personnels s'annoncent-elles délicates? Une
présentation au grand public est-elle
déjà programmée?
La post-fouille est en cours au sein des services
spécialisés du SPW et les premiers
résultats sont attendus vers l’automne. La
restauration des objets est toujours délicate, en
particulier ici en ce qui concerne quelques petites pièces
de tissu adhérant aux pièces de monnaies. Mais il
apparaît d’ores et déjà que
la balle trouvée dans la poitrine du soldat est
française tandis que les pierres à fusil
qu’il portait sur lui sont anglaises. Leur gabarit correspond
au mousquet Brown Bess, arme emblématique des
armées anglaise de l’époque. Balle
française, arme anglaise : il semble que
l’hypothèse d’une appartenance du soldat
à l’armée anglaise, en un premier temps
fondée uniquement sur l’emplacement de celui-ci
à l’arrière des lignes anglaises, se
confirme assez nettement sur base d’au moins deux
éléments matériels très
concrets.
Quant à savoir où, quand et comment cette
découverte serait présentée au public
si une telle décision était prise, il est trop
tôt pour répondre de façon fiable, mais
à titre personnel, je pense qu’il ne serait pas
inintéressant de présenter la trouvaille au sein
du futur mémorial.
Enfin,
nombreux sont les lecteurs qui connaissent le statut particulier
réservé aux soldats tombés au combat.
Yves Vander CRUYSEN, responsable de l'association "Bataille de Waterloo
1815", suggère qu'il puisse s'agir dans le cas de cette
découverte d'un soldat anglais. Si l'appartenance
venait à être clairement établie, un
hommage militaire pourrait-il être rendu? Des contacts avec
l'Ambassade de Grande-Bretagne ont été pris
à en croire certains médias...
Il est tout à fait possible que la Grande Bretagne demande
à récupérer le corps afin de lui
réserver une sépulture digne de son engagement
pour le pays. Des contacts seront pris incessamment avec les
autorités anglaises compétentes afin de voir ce
qu’il convient de faire des ossements une fois
qu’ils auront été
étudiés.
crédits photos : D. Bosquet, SPW-DGO4
Le squelette a
été découvert quelques centaines de
mètres derrière les lignes anglaises à
proximité immédiate de l'infirmerie anglaise
Dans
les côtes (coté droit), la balle de
plomb probablement à l'origine du
décès du soldat
A hauteur
de la jambe, une cuillère a également
été découverte. S'il s'agit d'un
matériel réglementaire, l'identification sera
d'autant plus aisée.
Un
objet de bois indéterminé portant les initiales
'CB'.
Dans la poche
droite, se trouvaient quelques pièces de monnaies, une
pierre à fusil, une petite sphère de couleur rouge.
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