Rigueur
et
exigences d’un architecte
Le
projet de l’architecte était
caractéristique d’une époque : la
bâtisse et les éléments qui la
composèrent étaient pensés en termes
d’unité. Dans cette soif d’une
perspective systémique chère à
l’Art Nouveau, Victor Horta dessina les
meubles, les boiseries, les décorations y
afférentes, et même les motifs du
linge maison. Chaque élément était
réfléchi de manière à
interagir avec les
autres .
Pour
l’époque, les dimensions de ce petit «
Palais » étaient impressionnantes : 40 m sur 15 m
.
Avec
ce projet, Victor Horta poussa
l’exigence et la rigueur à son
extrême.
Au
niveau des pierres de façades,
3 types de roches furent utilisés pour sa
réalisation : Pierre de modave,
Pierre de longpré et gré rose
d’Ecosse. Le travail de la pierre
illustre les
exigences de Victor Horta : certaines pierres sont
bouchardées;
d’autres retouchées
linéairement. Il s’agit là encore
d’une subtilité de Victor Horta destinée
à magnifier l’Hôtel en permettant des
jeux d’ombre,
de textures, de matières quel(le) que soit
l’endroit ou l’heure de
la journée.
Ses
exigences étaient telles que les carriers
chargés de préparer les pierres
éprouvèrent de grandes difficultés
à comprendre
le cahier des charges qui leur avaient été
soumis. Victor Horta et son équipe
furent contraints de dessiner jusqu’à 6 plans de
chaque pierre composant
la façade ; des réalisations en plâtres
furent également réalisées afin
d’avoir un rendu tridimensionnel des attentes de
l’architecte.
La
méthode suivie
s’inscrivait dans une démarche rationnelle et
pré-fonctionnaliste ;
reflet des occupations et des espaces intérieurs. En
façade, les fenêtres
renvoient à l’affectation des lieux auquel elles
se réfèrent. Les trois
fenêtres de gauche soulignent la chambre ; celles qui suivent
le bureau du
propriétaire.
Victor
Horta était surtout un architecte aux faits
des évolutions techniques et des nouveaux
matériaux de constructions utilisées
par ses homologues belges et étrangers. Ainsi, les fers
forgés dessinant
l’escalier, la verrière, les terrasses permirent
à l’architecte de
complexifier les motifs utilisés en alternant le rivet et la
vis ; nouvelle
technique anglaise.
A
l’époque de sa construction,
l’Hôtel
Aubecq fut célébré par de nombreux
critiques belges et étrangers. Tous
s’accordaient pour reconnaître en celui-ci
l’excellence de
l’Art nouveau. Un élément plus
personnel conforte ce sentiment. Ainsi,
dans la salle à manger de son Hôtel, Victor Horta
avait disposé un bas-relief
représentant 5 muses ; celle de l’architecture
tendait la main à l’Hôtel
Aubecq. Pour Victor Horta aussi, l’Hôtel Aubecq
consacrait un idéal.
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